Louis-René Berge un maître du burin

Lydia Harambourg, La Gazette Drouot, Mai 26, 2017

La Gazette Drouot  ∣  N°21 du vendredi 26 mai 2017

Le Monde de l'art  ∣  Expositions

 

GALERIE DOCUMENTS 15

Louis-René Berge

Un maître du burin

 

Venu tardivement à la gravure, Louis-René Berge (1927-2013) a choisi le burin et s'est consacré à un art que Camus appelait "le compagnon de tous les jours". L'exposition lui rend hommage avec un ensemble de gravures marquées par la rigueur qu'exige la résistance du métal dompté par l'outil.

Ses thèmes récurrents - caisses, palissages, portes et fenêtres, paravents, chaises et barbelés, barreaux - sont des métaphores de la solitude et de l'enfermement.

 

La pointe incisive en transcrit la netteté linéaire, avec une écriture régulière qui exploite un système de traits parallèles infléchis dans des courbes, butant brutalement sur des béances. Les perspectives basculent en décrivant des plongées vertigineuses, déclinées dans des sujets singuliers.

Des personnages surgissent, masqués par des voiles, sortes d'écrans à ces présences-absences suggérant la fragilité de l'être humain. Ailleurs, ils se dédoublent par un jeu très abouti et maîtrisé de découpe de la plaque, que le graveur juxtapose et déclae, en recourant à la contre-taille qui permet des fonds veloutés à partir d'une trame faite de traits inclinés et serrés, renforçant la profondeur des noirs.

La lumière et les ténèbres s'affrontent dans ces images dénuées de pittoresque, au profit d'une épure. Pour Louis-René Berge, la gravure n'est pas un divertissement mais une acèse, où les rêves et les désirs obscurs resserrent la pensée et jugulent les sens.