Delphine D. Garcia - Une journée à l'Isle-Adam

Jean-Baptiste Duchenne, TELERAMA SORTIR, Juillet 18, 2018

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Balade

UNE JOURNÉE À L'ISLE-ADAM

Cette cité proche d'Auvers-sur-Oise expose quatre femmes peintres. A voir, avant d'aller se baigner à La Plage, alimentée par l'eau de la rivière.

 

Quatre peintres, quatre manières d'envisager le paysage et le réel, c'est la proposition du musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq de L'Isle-Adam, dans le Val-d'Oise. L'exposition s'intitule « Sur le motif », une manière d'hommage d'artistes contemporains aux peintres impressionnistes, si nombreux le siècle dernier dans la région, les premiers à s'être affranchis de l'atelier.

Accrochées aux murs, deux cents oeuvres réalisées dans des techniques mixtes, parfois singulières, comme les monotypes recouverts d'un organza. Le tissu confère aux rivières de la Franco-Américaine Virginie Isbell un élégant sfumato, à la manière des Italiens de la Renaissance. Plus rudes, ses montagnes d'Uruguay ont comme un air de famille avec les toiles du Groupe des Sept, ces artistes canadiens des années 30.

Chiara Gagiotti, quant à elle, a grandi à Rome : ses huiles des quartiers de la gare de Termini, San Lorenzo et de la piazza Vittorio, déserts et muets, disent l'âpreté de la grande ville quand la pénombre commence à livrer bataille. Le fusain intitulé Garbatella, du nom d'un quartier romain, et la lithographie Genova 6, un autopont qui traverse la ville de Gênes, imposent avec brio leurs imposantes dimensions.

Delphine D. Garcia, qui vit en Normandie, privilégie des formats plus ramassés pour des motifs de brique et de torchis du pays de Cau. Elle réalise de très convaincantes linogravures sur des papiers aux couleurs sombres : des vues de port, des pans de murs, Art déco en France ou de style géorgien dans le sud de l'Angleterre. Etre une lectrice avouée de Virginia Woolf ne l'empêche pas de peindre une casse automobile et ses épaves de vieilles Renault Twingo.

Les soleils rasants et les jardins immobiles de Corinne Pauvert ont des accents plus proches d'Edith Wharton : « Je peins avec mon enfance », dit-elle joliment. Son Hôtel de la Mer et ses agaves maintes fois répétés concentrent toute la torpeur d'une fin d'après-midi. 

 

Sur les bords de l'Oise, c'est aussi les « Années folles », que l'on peut retrouver à La Plage, un complexe balnéaire né au début du siècle passé. Cabines de bain comme à Deauville, étendue de sable devant un bassin filtrant l'eau de la rivière, et, posé fièrement au centre, le bassin Record, une piscine avec plongeoir inaugurée en 1949 par Johnny Weissmuller. L'acteur, premier nageur à passer sous la barre de la minute aux 100 mètres, n'était à ce qu'il paraît pas dans son assiette ce 27 août 1949. La Plage servira par ailleurs de décor à de nombreux films, dont Rue des Prairies, avec Jean Gabin, et, plus près de nous, Un secret, du talentueux Claude Miller. L'endroit pouvant accueillir jusqu'à quinze cents baigneurs, on choisira son jour et son heure, de préférence le matin et en semaine.